Sunday, February 26, 2006

Le hijab, de la théorie à la pratique

Nous aborderons les points suivants : la définition du hijab, les critères minimums à respecter. Présentation des diverses façons de le porter selon les pays. Quels sont les problèmes rencontrés par celles qui le portent, au travail, à l’école, au sein de la famille ?

La relation entre l’homme et la femme et celle entre l’individu et la société sont deux problèmes complexes de la civilisation dont la résolution mène à l’équilibre dans la société. Y répondre nécessite de bien saisir la nature humaine dans sa globalité et c’est là que réside la difficulté, car l’être humain est un système à part entière de par son corps, son esprit, sa personnalité, ses capacités, ses désirs, ses besoins.
Lorsqu’on se réfère à l’histoire, par exemple dans les civilisations grecques ou romaines, il existe toujours deux tendances extrêmes concernant la situation de la femme. La première est dure et injuste envers elle, celle-ci est méprisée, réduite à un rôle très limité. La seconde est excessivement favorable envers la femme, très permissive et mène le plus souvent à la dépravation et la décadence de la société.
L’islam ne suit ni l’une, ni l’autre mais se positionne au milieu, il constitue le juste équilibre.
De même, à partir de l’observation des différentes civilisations, on peut définir un cycle constitué de trois phases : l’enfance, la maturité et la vieillesse. L’enfance correspond à une période où l’homme est un guide pour la femme, il s’agit d’un modèle patriarcal. La femme n’a pas de réelle participation dans la société, elle est réduite à un objet et parfois diabolisée. La maturité, où la femme a un rôle actif dans la société, est une phase difficile et éphémère. Et la vieillesse est caractérisée par le désordre, la décadence, un déséquilibre entre l’homme et la femme. Ibn Khaldoun fut le premier à mentionner cette théorie dans son ouvrage « Moqadimah ».
L’islam ne correspond ni à la première, ni à la troisième phase, il se retrouve dans la seconde avec certaines conditions et des limites bien définies.
Il confirme les différences, physiques, morales et psychiques, entre l’homme et la femme :
« Et de toute chose Nous avons créé (deux éléments) de couple. Peut-être vous rappellerez- vous ? »
Sourate 51, Ad-dhariyat (Qui éparpillent), verset 49
« Et c’est Lui qui a créé les deux éléments de couple, le mâle et la femelle »
sourate 53, An-Najm (L’étoile), verset 45
Ces différences sont complémentaires, impliquant une distinction dans les rôles. Le hijab est ainsi un des éléments permettant de la réaliser.
Le sens général du terme hijab
Il vient de la racine hajaba, qui signifie couvrir, et manaâ : mettre une distance, que l’on retrouve dans le verset suivant :
« Et quand tu lis le Coran, Nous plaçons, entre toi et ceux qui ne croient pas en l’au-delà, un voile invisible »
Sourate 17, Al ‘Isra (Le voyage nocturne), verset 45
Il s’applique aussi bien à l’homme qu’à la femme dans les relations de type homme-homme, femme-femme et homme-femme. Il concerne bien entendu la tenue vestimentaire : se vêtir du nombril au genou et ce, dans les trois types de relations citées précédemment. Mais il s’agit également de créer une distance par la différenciation, par exemple réserver le port de l’or et de la soie à la femme. Quant au sens particulier de hijab, le plus connu, c’est celui concernant les musulmanes, leur enjoignant de se couvrir. C’est un signe de soumission à Allah (et non à l’homme !), de pureté, de dignité et de chasteté. Il joue un rôle de protection et permet la connaissance par tous de son identité en tant que musulmane :
« Ô Prophète ! Dis à tes épouses, à tes filles, et aux femmes des croyants, de ramener sur elles leurs grands voiles : elles en seront plus vite reconnues et éviteront d’être offensées. Allah est Pardonneur et Miséricordieux. »
Sourate 33, Al ‘Ahzab (Les coalisés), verset 59
Le hijab de la femme musulmane respecte les sept critères suivants :
Tout le corps de la tête aux pieds est couvert ; le minimum requis permettant de laisser le visage et les mains visibles et le maximum les cachant également.
Le tissu est suffisamment épais pour ne pas être transparent afin de ne pas distinguer la couleur de la peau et les formes du corps.
Les vêtements sont amples pour ne pas laisser apparaître les formes de la femme. Un quatrième principe est la discrétion dans les couleurs et l’apparence. Par exemple, porter une djellaba rouge en Arabie Saoudite garantit à la femme l’attention de tous. Il faut donc penser à adapter sa tenue au contexte tout en respectant les points précédents.
Il doit exister une distinction claire avec l’habillement des hommes.
Se différencier des mécréants, c’est-à-dire ne pas imiter leur style mais plutôt s’affirmer en tant que musulmane.
La modestie est un élément important, la femme se doit d’être simple et non arrogante dans son comportement.
Les diverses façons de le porter selon les pays
Il n’y a donc pas une tenue islamique unique mais plusieurs, à partir du moment où les critères cités sont respectés. Selon les pays, les femmes choisissent de suivre ce commandement divin de diverses façons. Chacune le respecte en l’adaptant à sa culture. Cela va d’un simple foulard couvrant les cheveux au voile complet recouvrant toutes les parties du corps y compris le visage et les mains. La meilleure illustration se trouve lors du pèlerinage où l’on peut remarquer toute la diversité de l’habillement des femmes.
Les problèmes rencontrés par celles qui le portent
Malgré la signification hautement morale du hijab, les musulmanes rencontrent des problèmes multiples. Ils diffèrent selon les pays et les cultures mais l’origine est la même : l’ignorance, l’incompréhension et les préjugés.
Sur le plan professionnel
Celles souhaitant le respecter sont confrontées à une réelle discrimination. Dans la société occidentale et dans certains pays musulmans, obtenir un emploi lorsqu’on porte le voile est un véritable défi si le responsable de la société n’est pas un musulman pratiquant et conserver son emploi est une lutte quotidienne.
Au niveau de l’éducation nationale
« l’affaire du foulard » en France est connue internationalement, l’autorisation de le porter repose sur le bon vouloir du proviseur. Dans certains établissements comme dans ceux de l’enseignement supérieur, les jeunes filles ne rencontrent pas ou peu de difficultés pour suivre leur religion comme elles le désirent.
Pour d’autres, il s’agit d’un véritable combat psychologique et juridique, nécessitant de nombreuses discussions pour trouver un compromis satisfaisant les deux parties et dans le pire des cas, l’affaire est menée en justice. Des associations musulmanes et des personnes ayant une bonne maîtrise des textes juridiques soutiennent ces collégiennes et lycéennes mais c’est encore insuffisant. Souvent, elles se retrouvent seules pour faire face aux responsables scolaires et quelques fois leurs proches qui s’opposent à leurs convictions religieuses.
Au sein de la famille
Le soutien attendu n’est pas toujours présent. Soit les membres ne sont pas convaincus de l’obligation, de la nécessité ou de l’utilité du hijab. Soit ils sont impressionnés et influencés par la « modernité » et croient cela incompatible. Il se peut également que des traditions séculaires ne laissent que peu de place à la pratique de la religion dans la cellule familiale.
Les défis sont donc nombreux et présents dans tous les domaines de la vie particulièrement dans les pays non musulmans. Le comportement de chacune joue un rôle important dans l’amélioration de l’image du hijab et on sous-estime trop souvent son impact. La communication est également un élément essentiel de la solution et des projets tels que
Nassira Network vont dans ce sens, mais le chemin est encore long pour que toutes les musulmanes puissent observer le hijab sans discrimination, ni contrainte.

Leila R.

No comments: